À l’occasion de la sortie de son tout nouveau clip « Bé », Kaki a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques-unes de nos questions. L’occasion de connaître un peu mieux cette artiste extra-ordinaire qui a de l’énergie à revendre. Découvrez cette interview exclusive sur This is Riviera.
Hello Kaki et merci pour ton temps ! Dis-nous, comment es-tu tombée dans la musique à la base ?
Kaki : Hello La French Riviera ! Ben ça a surtout commencé par l’envie d’exprimer. Avant, j’écrivais des histoires, avec un livre et sa suite en cours, et ça a muté d’un coup en flot de chansons. Ce que j’en ai compris, c’est que quand me suis mise en mouvement pour retrouver mes envies à moi, ma mélodie quoi, alors l’écriture est descendue de la tête au corps ! Et elle s’est carrément simplifiée. Chanter, c’est venu spontanément d’une libération physique. Et du coup si une chanson, selon son énergie ou son émotion, vient en berceuse ou rock, je laisse comme ça vient et me fonds dedans en fonction de là où en j’en suis comme interprète. La spontanéité, ça amène la vulnérabilité, ça n’assure pas la perfection technique. Et chanter une certaine liberté, c’est un défi qui fait ressortir physiquement les espaces qui ne sont pas encore libres en moi au moment où j’enregistre. Mais c’est l’instant juste pour cette expression-là, alors j’y fonce ! Et l’équipe autour accueille cette façon de faire avec beaucoup d’ouverture, n’est-ce pas Nico du studio Air Comme Rythme.
Qu’est-ce qui t’a inspiré pour écrire ce nouveau titre « Bé » ?
Kaki : Il s’est créé d’un jet. C’est un cri intérieur, au début un peu réservé, et il monte en ébullition pour se libérer à la fin, avec plus de confiance et de coffre. C’est celui que j’ai pas osé sortir pendant mon enfance et adolescence et ressenti plus tard dans mes gros changements de vie. Tu vas sauter dans l’inconnu et tout te dit : euh t’es sûr.e ?! Sauf qu’il y a urgence, sinon t’imploses, alors tu prends tes peurs dans les poches et plouf.
Comment s’est passé le tournage du clip ?
Kaki : Pour cette fois, c’est nouveau et encore plus simple : une session maison ! Mais ça me tente bien de faire après un clip où les enfants deviennent les adultes et inversement, et les adultes lâchent prise et font tout ce qu’ils veulent… (merci Joe pour l’idée).
Un fait d’actualité récent qui t’a marqué un peu plus que les autres ?
Kaki : Toutes les violences en général. On dirait que c’est là où on en est collectivement, embourbés dans la violence sous toutes ses formes. La douceur a beaucoup plus de puissance, mais elle est rarement choisie. Et c’est pas de la mièvrerie, ça nous demande beaucoup de force, à ce stade, de choisir l’humain et la vie avec fermeté et détermination. C’est l’anti-renoncement. Déjà si en chacun, on essaie de choper les espaces où y’a du conflit en nous, ça ouvrira une autre dynamique.
Ton moment de la journée préféré pour faire de la musique ?
Kaki : Pour l’instant y’a pas de moments précis ni d’horaires fixés. Je laisse venir librement ; juste, c’est mieux quand je suis assez reposée et sans avoir faim !
Dis-nous en plus sur ton prochain EP qui arrive et dont « Bé » fait partie si on a bien compris ?
Kaki : L’EP « Libertés », c’est 5 morceaux qui parlent d’une facette de liberté. Des réveils-sons smooth sortis comme des grandes respirations juste avant mes changements de vie et m’y ont accompagnée. Y’a eu beaucoup de solitude dans cette traversée. C’est la tristesse de ne s’être pas autorisé à être moi-même et tout de suite derrière l’enthousiasme de commencer à s’affirmer, prendre sa place et se reconnecter. L’adulte, c’est un enfant qui a pris de l’âge, de la taille et des expériences, pas une autre personne qui se reconstruit une autre nouvelle vie, « de maturité », à côté !
Bon, ces chansons ont aussi en commun le ras-le-bol des ordres et des cases qui sont pas adaptées à tout le monde. Marre de se contorsionner pour y être. C’est vraiment pareil que dans le 1er EP Balance ton coeur ! Ahah, mais dit différemment.
Des résolutions pour 2024 ?
Kaki : Laisser des envies profondes s’exprimer au max, malgré tout : l’espace le plus sûr pour aborder chaque jour et partager plus et mieux avec les autres. Y’a des paliers et parfois, j’y suis moins que ça pourrait, mais c’est la ligne que je suis. Ce qui en fera partie côté musique, c’est de vivre des expériences avec d’autres artistes sur tous types de sons, contactez-moi ! Ça commencera sur un single avec Moomak, et M-Syla pour un EP reggae pop. Le kif !
Si tu avais un artiste, n’importe lequel, avec qui tu pourrais collaborer, ça serait…
Kaki : Ces temps-ci, ça serait Aldebert, qui parle aux enfants comme êtres complets. Il y a d’ailleurs un p’tit jeu-concours sur mes réseaux pour faire gagner des places à un de ses concerts.
J’ai aussi un projet de chansons pour enfants : un album déjà, un livre-audio, j’ai envie, et un spectacle : double envie. On commence à avancer avec un étudiant en bande dessinée numérique sur l’illustration et l’animation d’un personnage.
Enfin j’adorerais chanter avec les Gospel Kids, j’adore ce qu’ils font !
Un dernier mot pour la fin ?
Kaki : Merci aux auditeurs pour leur accueil ! Ça me touche. Être soi-même et faire au max ce qu’on veut dans un environnement qui a ses contraintes, c’est devenu un positionnement, une revendication. On a eu l’habitude d’autre chose et on n’est pas invité à y aller. Ça peut paraître superficiel, naïf, vu comme simpliste et même moqué, mais vouloir être soi, c’est de l’effort, un acte intérieur ; les résistances sont nombreuses. Pareil pour la gentillesse, on a tous de bons prétextes d’y renoncer.
Et rien n’empêche la joie d’être concernée ; l’engagement, doux ; la lucidité, légère. Des fleurs qui poussent en environnement hostile, c’est beaucoup, beaucoup de force de transformation.
Message pour ceux qui se sentent seuls à vivre ça : c’est déjà gagné !
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