Derrière chaque artiste qui perce, il y a souvent un regard affûté, une oreille attentive, un stratège de l’ombre. Les agents et A&R jouent un rôle essentiel dans le développement d’une carrière : ils repèrent les talents, les accompagnent artistiquement et créent les connexions qui peuvent tout changer. Aujourd’hui, on part à la rencontre d’Elie Diallo, A&R franco-canadien à la vision précise et engagée. Vision, flair et détermination : voici son parcours.
Interview – Elie Diallo, A&R Franco-Canadien
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir agent pour les artistes ? Le point de départ ?
E.D. : Ce qui m’a donné envie de devenir A&R, c’est avant tout ma passion pour la musique et les talents bruts. Très tôt, j’ai été attiré par l’idée de dénicher un artiste avant tout le monde, de croire en un potentiel et de l’aider à se développer. Le déclic est venu lorsque j’ai réalisé que mon œil et mon oreille pouvaient vraiment faire une différence dans le parcours d’un artiste.
Organiquement, je me suis toujours retrouvé entouré d’artistes influents, que ce soit sur la scène montréalaise ou, dès 2018, au cœur de la scène torontoise. Ces connexions naturelles, bâties sans forcer, m’ont permis de réaliser à quel point j’avais une aisance et une légitimité dans cet univers. Ce cheminement spontané m’a confirmé que j’étais à ma place dans ce rôle.
Musicalement, existe-t-il selon toi un pont entre le Canada et la France ?
E.D. : Oui, clairement. Il y a un vrai pont qui s’est créé, et il devient de plus en plus solide avec le temps. On sent une ouverture des deux côtés, autant chez les artistes que dans le public. Et surtout, j’observe que la France est en train de s’américaniser de plus en plus sur le plan musical : beaucoup d’artistes utilisent des termes anglophones, adoptent des sonorités venues d’outre-Atlantique.
Mais la vérité, c’est que nous, à Montréal, on est déjà là-dedans depuis toujours. On est les francophones d’Amérique. Ce mélange, cette influence, ce n’est pas une direction artistique chez nous – c’est juste notre manière d’être. C’est organique, culturel, et ça se ressent naturellement dans la musique.
Sans tricher, donne-nous les 3 derniers titres que t’as écoutés aujourd’hui ?
E.D. : Sans tricher, vraiment ? Haha :
- DeeBaby – Constantly
- Duvy – Till the Suns Up
- Zinera – Skeleton
Es-tu spécialisé dans un genre de musique dans ton travail ?
E.D. : Je suis très axé sur les musiques urbaines : rap, R&B, trap, afro-fusion. Mais je reste à l’écoute de tout ce qui est innovant et sincère. Pour moi, peu importe le genre, tant que l’artiste a une vision, une identité forte, et du potentiel à long terme.
Quelle est la meilleure qualité d’un artiste pour toi ?
E.D. : Le travail acharné, sans hésiter. En 2025, un artiste doit passer un maximum de temps en studio. Les meilleurs y consacrent leur vie. Je vois difficilement comment un artiste en développement pourrait réussir sans redoubler d’efforts. Le talent ne suffit plus, c’est la discipline et l’investissement constant qui font vraiment la différence.
Le plus gros défaut ?
E.D. : Le manque de discipline. Dans ce milieu, tout va très vite. L’indécision ou l’instabilité peuvent freiner une belle progression.
Un objet dont tu ne peux pas te passer au quotidien ?
E.D. : Mon téléphone. C’est littéralement mon bureau mobile, je gère tout depuis là : la musique, les appels, les actus, les opportunités.
Quel(s) conseil(s) tu donnerais aux artistes qui souhaitent se lancer et vivre de leur musique ?
E.D. : Entourez-vous des bonnes personnes, soyez patients, et investissez en vous-mêmes. Il faut comprendre que la musique, c’est autant une passion qu’un business. Il faut donc apprendre, observer, s’adapter, et rester cohérent avec sa vision.
Quels sont les artistes que tu défends en ce moment ?
E.D. : En ce moment, je défends plusieurs artistes montréalais très prometteurs : Kay Bandz, Wavy Supreme, SoloGwapBoy & The Q, ainsi que Zinera. Ce sont tous des talents à surveiller de très, très, très près. Ils ont chacun une identité forte, une vision claire, et surtout, un vrai potentiel pour marquer la scène – autant localement qu’internationalement.
Es-tu ouvert à t’occuper de nouveaux artistes en ce moment ?
E.D. : Oui, mais de manière sélective. Je privilégie les artistes avec une vraie identité artistique et une vision claire de là où ils veulent aller. Chaque collaboration est un engagement sur le long terme.
Tes objectifs pour 2025 ?
E.D. : L’un de mes objectifs majeurs pour 2025 est de renforcer ma présence en France en multipliant les connexions stratégiques – pas seulement avec des artistes, mais également avec des médias, des A&R, des directeurs artistiques et des labels majeurs comme Sony Music ou Universal. Depuis mon arrivée en novembre, j’ai déjà commencé à tisser des liens solides avec plusieurs figures influentes de l’industrie, notamment Risoce, directeur artistique de Keblack, proche de talents tels que Guy2Bezbar ou Yorssy. Mon ambition est de m’ancrer durablement dans l’écosystème musical français afin d’ouvrir un maximum de portes aux artistes que je représente.
Un dernier mot pour la fin ?
E.D. : Merci pour l’opportunité de m’exprimer sur mon parcours et ma vision. Ce n’est que le début d’une aventure qui, je l’espère, connectera encore plus le Canada et la France sur le plan musical. Et surtout, gardez un œil attentif sur la vague de talents montréalais qui s’apprête à émerger en France dans les années à venir – ça va faire très, très mal.


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