Dès les premières mesures, YMS nous embarque dans un récit viscéral, entre confession intime et constat sec sur une jeunesse cabossée par le quotidien. Sa voix porte un vécu lourd à digérer, mais raconté avec une pudeur singulière. Le morceau « Salam » creuse le sillon de la rupture intérieure : tourner la page sans oublier ce qu’elle a coûté, chercher un souffle de paix après les coups bas et les mauvaises attaches. Il lâche d’ailleurs cette ligne d’une frontalité rare : « Vaut mieux être stérile que lâcher un sperme qui deviendra flic », rappel qu’il préfère tout perdre plutôt que reproduire ce qu’il rejette. Le clip, réalisé par OG_PROD, traduit ce tiraillement entre appartenance et détachement. Un contraste jour/nuit qui colle parfaitement à cette quête de respiration dans un décor qui refuse de lâcher prise. Présenté par This is Riviera, le titre capte dès la première écoute et refuse de s’effacer de la mémoire.

« Vaut mieux être stérile que lâcher un sperme qui deviendra flic » YMS

YMS - Salam (clip officiel)

Héritage, mutation et ascension programmée

Derrière YMS, il y a un long parcours façonné par l’obstination. Né à Villeneuve-Saint-Georges, il grandit au contact direct du son grâce à l’influence de son père Aumar Pulhosow, artiste et ancien membre du groupe Djolof signé chez Universal. D’abord beatmaker et ingé son, il commence sous le blaze Yero M, expérimente la Trap aussi bien inspirée des US que de la scène française, et sort ses premiers titres avec son home studio comme unique laboratoire. Il tente de se faire une place, s’acharne en indépendant, mais ses premières sorties passent inaperçues. En 2023, il publie un EP 100% drill, « Come Back », puis change de nom pour devenir YMS, histoire de marquer la coupure entre la recherche et la construction de son univers définitif. L’EP, pourtant sincère et énergique, n’obtient pas l’accueil espéré, mais il lui permet d’identifier clairement ce qu’il doit abandonner pour enfin se démarquer.

C’est là qu’intervient la bascule artistique : plutôt que d’imiter les codes déjà saturés, il renoue avec l’idée originelle de son père, le Laawan, qu’il modernise pour créer sa propre grammaire rythmique, qu’il baptise GGB, “Gangsta Galsen Beat”. Cette orientation séduit le Blasta Studio, qui valide l’originalité du concept et l’encourage à en faire une identité forte. Pour ne pas laisser ses anciens morceaux dormir, il les regroupe dans « Untitled », puis enchaîne avec des singles plus ciblés, afin d’installer progressivement sa couleur musicale. En parallèle, il fonde Unlimited Session, structure qui lui offre davantage d’autonomie artistique et d’espace créatif. Aujourd’hui, il prépare son retour définitif avec la conviction d’avoir enfin trouvé la bonne direction, « je fais d’la GBB j’fais pas d’la trap. » Une chose est sûre : rester attentif à YMS devient presque une nécessité pour quiconque veut voir naître un univers singulier au cœur de la scène en mouvement.

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Passionnée de rédaction musicale, je suis persuadée que la musique est ce lien universel qui rassemble tout le monde. Pleine de curiosité, avec ma plume sincère, je fais découvrir des talents émergents, toujours avec un zeste de fraîcheur et de profondeur.

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